dimanche 11 octobre 2015

Requiem pour un atelier- Marc Lequenne

                             Requiem pour un atelier

(sur un air de Blues)

 Certains disent que l’atelier est une secte écrivante, cabalante, intrigante et pratiquante mais qui ne croit pas.  Son gourou,  Ils le voient comme un blagueur-bloggeur à moitié chauve qui porte au cou une longue chaîne en or où se balancent gaiement une croix, une relique de Chateaubriand  ou un portrait de Benjamin Constant.
D’aucunes disent que l’atelier se rassure en s’embrassant, en s’accolant, en se donnant des tapes et des baisers, en se rappelant le plus souvent possible et à grand bruit tout un tas d’aventures sinon vécues du moins écrites ensemble.
Ses critiques disent que l’atelier (ses membres) écrit frauduleusement, qu’il fait des efforts pour apprendre et pour bien travailler alors qu’il n’ouvre pas souvent un livre.
Ses détracteurs disent que l’atelier avale l’hostie sans prendre le temps qu’il faut pour la mâcher.
Ses  railleurs/rieurs  disent que la table sur laquelle il écrit masque à l’atelier la terre, la mer tous les paysages et toutes les scènes du monde.
D’autres encore font remarquer qu’une vie d’écrivain est déjà suffisamment décevante, alors qu’on y consacre toutes ses forces, pour ne pas rire de ces écrivaillons borgnes qui ensemencent inutilement des champs où mûriront tant d’autres fruits que ceux qu’ils auront cru planter. 
Beaucoup affirment que l’atelier est là pour rassurer tous les écrivains sans courage. Qu’il sert à consoler les femmelettes hystériques qui ont peur de l’orgasme d’écriture. On ne peut pas se perdre dans un atelier, disent-ils, puisque, toutes les trois heures, la marée se renverse pour vous ramener. 
Les déçus de l’atelier aiment rappeler que Louis Aragon clamait : « Je n’ai jamais appris à écrire » tandis que Gustave Flaubert avait déjà tranché : « Un bon vers n’a pas d’école. »


Et vous, vous êtes d’accord : faut-il enterrer les ateliers d’écriture ?

Marc Lequenne 


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