samedi 11 février 2012

Le foulard jaune (conte érotique)- Françoise Dupuy

A chaque vacances scolaires Clémentine , de retour de sa pension , s’ennuyait ferme au château de Papa .

Jamais elle n’invitait d’amies à cause du blason de lointains ancêtres qu’elle trouvait répugnant : gravé dans le bois de la volumineuse porte d’entrée , en lettres gothiques de gueule sur fond d’azur ce double nom haï BEAUCUL - BELŒIL entoure avec gourmandise un fessier fessu offert aux caresses des invités depuis deux siècles

Par chance le nom avait pu être changé par son arrière grand père ( après de nombreuses demandes pour devenir Beauharnais , Beaumarchais , Beaugency, Baudelaire et autres noms célèbres toujours refusés ).
Il avait obtenu que BEAUCUL se changeât en BEAUJEU . Ouf !

Clémentine Beaujeu ça fait chic et de la haute , à la pension . Mais toujours ce foutu fessier usé par le temps . Elle avait bien demandé à son père de faire un autre blason avec le nouveau nom et sans le fameux postérieur …il avait catégoriquement refusé .

En fin de trimestre Clémentine s’était liée d’amitié avec Guillemette de Racourt , même âge , même blondeur , même éducation , même ignorance des choses du sexe .
Un soir Guillemette raconte en confidence à Clémentine , dans le silence du dortoir , cachées sous le drap d’un seul lit ce qu’elle avait étrangement appris sur ces choses si mystérieuses, tombant par hasard en zappant, le samedi soir à 23 heures, sur un film X dont elle n’imaginait même pas l’existence . Ses parents endormis n’en ont rien su .

Ces confidences furent suivies de quelques caresses charmantes , celles que deux filles naïves tout à coup délurées hésitaient à penser correctes .
Ce n’étaient que prémices qui donnèrent à Clémentine l’envie de « jeter son bonnet par-dessus les moulins » et de connaître enfin , dès le retour au château l’amour

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physique dont tout le monde faisait grand cas , bien qu’elle n’ait pas tout compris dans le récit de Guillemette .

C’est ainsi que l’héritière Beaujeu arriva chez elle tout à coup sortie de l’enfance – ce qui n’est pas trop tôt , à seize et quelques mois -. Elle réalisait enfin que sa mère , avec ses réponses évasives sur le mariage et « comment on fait les enfants, maman ? »
voulait la garder innocente jusqu’au mariage . C’est ringard et démodé , non ?

Entrant dans sa chambre , au premier étage , face au majestueux escalier de marbre elle réalise qu’un lit de petite fille et une collection de peluches ne sont pas le décor rêvé pour une vie de débauche . Ses parents sont absents , en croisière pour une semaine , il faut en profiter . Elle convoque alors leur décorateur , Alain Jourdain , lui précisant qu’elle voulait choisir dans les catalogues Habitat , Ikéa Conforama et Cinna tous ses nouveaux meubles .
Avec Guillemette elles choisissent tapis et rideaux , sans oublier plusieurs miroirs , selon, les conseils du décorateur.

En trois jours tout est livré , installé . C’est moderne , c’est chouette et le lit est immense . Le décorateur a été efficace , les filles sont exténuées mais satisfaites.

Et maintenant comment trouver un homme à son goût ? Le chauffeur est trop âgé .
Le décorateur aussi . Le jardinier ?  peut-être . Il faut l’étudier lui conseille Guillemette fermant sa valise car ses parents viennent la chercher ..

Cette nuit là Clémentine se vautre dans son grand lit impatiente de trouver un copain de jeux .

Au matin un grand vacarme la réveille . De sa fenêtre elle voit arriver deux camions qui livrent des plantes , des fleurs . Elle compte six hommes , tous jeunes et modernes , jeans et tee shirts . L’un d’eux est leur chef , c’est sûr . Il donne des ordres pour disposer les plants .Tous obéissent . Il est grand , il est beau .

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Il faut vite aller le voir de plus près . Vite une douche . Vite se parfumer partout , partout . Vite appeler Maria pour savoir ce qui se passe .

Fini l’ennui des jours sans fin , des nuits seules . « A moi les joies de l’amour » murmure-t-elle .Tout va changer car avant , aucun jeune mâle au château : Papa n’employait que des servantes …c’était son goût personnel. Et Maman n’a jamais eu son mot à dire !

_ Maria c’est quoi tout ce monde en bas ? - Mademoiselle , votre Papa a fait des plans pour refaire la cour d’honneur . Il a engagé un jeune paysagiste arraché à l’équipe de Versailles, le grand blond là bas , avec toute une équipe de jardiniers .
Clémentine éblouie par tant de nouveautés , le guette de sa fenêtre se caressant les seins - qu’elle a fort beaux d’ailleurs - . Elle se sent prête à tout , ayant regardé en cachette les gravures érotiques des livres de familles , et quelques revues LUI que la petite femme de chambre bretonne lui passe en douce parfois .

Elle est prête : ce sera aujourd’hui : le temps est propice aux expériences amoureuses
Ce sera ce beau garçon ou l’un de ses ouvriers , tous des jeunots .
Clémentine musarde sous la douche , se caressant partout , lave ses cheveux pour qu’ils soient souples et flous , se parfume des pieds à la tête elle a choisi Vétiver au parfum de muguet. Pour un spécialiste paysagiste c’est le pied , non ?
Vite une robe simple et décolletée , pas de culotte , ce sera le premier cadeau offert au jeune homme . Surprise , surprise .

Au moment de descendre elle chipe dans la chambre de sa mère une merveilleuse écharpe en mousseline jaune qu’elle adore .

Sur le chantier le jeune homme surveille son équipe lorsqu’une apparition fait friser son iris . Vingt dieux , la belle fille . Aérienne , Clémentine avance dans la cour , cheveux au vent , sexe en émoi …tout en pensant à ses origines , finalement elle n’est pas née Beaucul pour rien et son éducation devrait bien commencer .

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Bonjour je m’appelle Clémentine _ Moi c’est Clément _ Vous êtes des maçons -
_ Non , paysagistes , je suis le chef . _ Alors expliquez-moi ce que vous faites .


Clément hausse un sourcil intéressé . Cette fille n’a pas froid aux yeux , sous la robe de toile blanche assez moulante ma foi elle ne porte pas de culotte , c’est évident.
Ma parole elle me drague . Si dans les cinq minutes je ne l’ai pas troussée au fond du parc ou dans le foin ou dans son lit , je ne m’appelle plus Clément le Rapide .
Venez dans la serre , dit-il en lui prenant la main , je vais vous montrer les plans de
la cour d’honneur que j’ai faits avec votre père .

Clémentine est déjà nue , Clément quitte son jean . Son désir est visible et Caroline qui n’est pas sotte comprend en un éclair tout ce que Guillemette lui avait raconté sur certains détails du fameux film X . Il lui caresse les seins , puis les fesses et la prend en douceur .

Public averti qui lisez ce conte je ne peux par pudeur décrire les ébats qui suivirent jour après nuit après jour après nuit . Les plantations n’avancent pas vite . Les ouvriers plantent les buis n’importe comment , sans alignement évident.

Puis les parents sont de retour . Monsieur Beaujeu fulmine . Mais où est donc passé ce jeune jardinier paysagiste engagé à grand frais ? Les ouvriers se marrent . Ils savent par leur chef que c’est un fameux coup cette jeune fille , insatiable ! ils savent aussi qu’il y a dans sa chambre un grand miroir qui reflète leurs ébats , chaque jour , lorsque le père est à son bureau .
Aujourd’hui les ouvriers chantonnent «  la Tour prend garde , la Tour prend garde » pour avertir les amants car le père Beaujeu est rentré plus tôt que d’habitude .
Comme un fou il se rue au château , prend son fusil , grimpe à l’étage . Qui a pu le prévenir ? Pourquoi un fusil ? le père Beaujeu doit laver dans le sang l’honneur de sa fille, non ?

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Ouvrant la porte à la volée il voit dans un jeu de miroirs , répété à l’infini, un couple
entièrement nu , honteusement enlacé, le narguant semble-t-il .

Un foulard jaune oublié sur le tapis lui fait penser un instant .. Ciel ! ma femme dénudée dans les bras d‘un voyou… je serais donc cocu ? mais non ce n’est pas possible ! elle n’a jamais été souple et ne connaît pas cette position !

Mais cette écharpe jaune , c’est bien la sienne , je la reconnais .

D’ effroi le père Beaujeu recule , se prend le pied dans son lacet défait et le tapis à cet endroit ondulé. Il dévale l’escalier la tête et le cul alternés pour arriver mort sur le sol en marbre du hall d’honneur .

Du sang il en voulait , en voilà .


MORALITE : ne dérangez jamais des amants enlacés
sans avoir au matin bien serrés vos lacets .

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