dimanche 12 février 2012

Plaisirs minuscules- Monique Payen

A la manière de Philippe  Delerm

 
Premier matin du premier jour de  vacances
Premier petit déjeuner en toute liberté
En premier lieu on choisit méticuleusement son bar, avec terrasse ensoleillée donnant sur le port, puis on s’installe, on prend possession de l’endroit.
Le soleil encore timide en ce début de saison a pitié de notre peau si blanche. Il se fait discret derrière  les parasols. Les sièges en rotin recouverts de coussins attendent les clients. Quel délice de pouvoir les creuser de tout son poids, d’allonger paresseusement ses jambes, de basculer la tête en arrière pour mieux recueillir les odeurs, toutes les odeurs : la brise marine, les poissons frétillants une dernière fois dans les paniers, les varechs séchés dans les filets
Une mouette vient chiper sans bruit un poisson, déclenchant les cris assourdissants de tout le clan  des rieuses
Le ciel encombré de petits nuages blancs vire lentement au bleu.
Un garçon, engoncé dans un gilet noir sur chemise largement ouverte attend les commandes.
On n’est pas pressé. On hésite. On s’interroge du regard.
Une délicieuse odeur de crêpes vient nous chatouiller les narines.
On sent comme un petit creux à l’estomac.
Alors, bravant tous les interdits, on s’élance : ce sera une crêpe « œuf, jambon, fromage »
Les vacances ont vraiment commencé.

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