A la recherche du temps passé
Une manipulation maladroite, la petite plume se soulève un peu, une minuscule tache attire mon regard
- Voyons ma chérie, ce n’est pas une tache, juste une trace de cette poudre de riz dont je ne savais me passer. Tu m’as vu si souvent passer ma houppette sur le bout de mon nez. Le nez, il faut sans cesse veiller à ce qu’il ne brille pas. C’est la base d’un maquillage réussi. Juste un petit nuage sur les pommettes. Il faut éviter le tour des yeux. Les yeux, tu sais, c’est si fragile et ils ont tant d’autres occasions pour pleurer. Un petit film sur les lèvres est permis, afin de consolider la couleur. La houppette doit ensuite être reposée, bien à plat, dans le fond de sa boîte, sans oublier le couvercle. C’est essentiel pour éviter la poussière
Une houppette c’est si léger, aérien même. Un rien pourrait l’endommager. Et puis, il faut savoir garder l’odeur, l’odeur si subtile de cette poudre. Rappelle-toi comme tu aimais m’embrasser sur la joue. Tu retrouvais alors ce léger parfum qui n’appartenait qu’à moi, me disais-tu. Sais-tu que d’autres, beaucoup d’autres ont goûté à ce plaisir avant toi ? Mais, je m’égare. Revenons à notre maquillage. Il reste encore un geste à faire. Prendre délicatement une mèche de cheveux, de chaque côté du visage, puis les enrouler en douceur autour du fer à friser chauffé auparavant. Ainsi elles formeront deux délicieuses boucles soulignant gracieusement ton visage
Je ferme les yeux. Mes doigts caressent le velours soyeux de la couverture du petit carnet : instant fugace, à la recherche du temps passé.
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