dimanche 11 octobre 2015

La sans-logis : Arlette Millard

La sans-logis

Je suis la misérable, menteuse et effrontée,
Car je me dis princesse et suis fille de rien
Et sur mon front pouilleux j’ai posé des lauriers
Qui sont pleins de poussière et qui sentent le vin.

Car je bois sous les ponts, je bois dans les allées
Du parc où je m’endors, je n’ai pas de maison,
Mais c’est dans un grand lit de soie que j’ai rêvé
D’un verre d’eau de source où nagent des glaçons.

Hélas, tous les matins je m’envoie un litron,
C’est le seul élixir qui me donne l’extase,
Je m’avance et soulève le bas de mon jupon
Comme le fait une reine quand son amant la croise.

Arlette Millard

D'après.....


El Desdichado

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.


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