mercredi 28 octobre 2015

Une rencontre amoureuse (à la manière de Marguerite Duras dans l’Amant) -Guy Kauffmann.

Le loup noir est descendu de la colline, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune chèvre qui s’abreuve au ruisseau dans sa robe blanche. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Il lui offre une cigarette. Sa patte tremble. Il y a cette différence de race. Il n’est pas blanc, il doit la surmonter, il doit surmonter son envie, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne doit pas parler à des étrangers. Elle ne dit rien d’autre. Elle prend brusquement la cigarette qu’il lui tend. Alors il a encore un peu plus faim. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Elle ne bouge pas. Que répondrait-elle ? Pourquoi bougerait-elle ?
Il lui dit que c’est tout à fait extraordinaire de la voir au bord du ruisseau, si tôt le matin, une jeune chèvre, belle comme elle est, vous ne vous rendez pas compte, c’est très inattendu, une jeune chèvre blanche au bord de la forêt. Il lui dit que sa petite clochette en cuivre tintinnabulante lui va si bien, même si il se demande à quoi elle sert. Elle tire une longue bouffée de sa cigarette. Elle regarde ses longs poils noirs. Elle lui dit que cela ne sert à rien, cette clochette en cuivre, vraiment à rien. Elle lui demande qui il est. Elle regarde ses grandes oreilles noires.



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