vendredi 24 janvier 2014

Le petit chat est mort-Guy Maurin-

Aujourd’hui, le petit chat est mort... 

Ou peut-être ma mère, je ne sais pas. J’ai reçu un mail sur Facebook : « Elle est crevée. Restau demain. Bises enamourées. » Cela ne veut rien dire. Juste la photo d’une assiette vide en pièce jointe.
Je ne sais pas ce que je préfèrerais pour l’enterrement. La chatte, c’était mon enfance : un ronron,   le poil doux et chaud, la langue râpeuse. Je n’ai jamais connu la langue de ma mère, ni ses poils. Son ronflement parfois, la gueule entr’ouverte. Pourtant, dans mon enfance, j’ai bien dû la téter !  Mais ça s’est arrêté : au nom de quoi ?
Je choisirais un cercueil en acajou avec des poignées dorées. Pour la chatte. Au nom de l’égalité. Une analyse ethnosociologique  démontrerait certainement qu’une chatte est moins emmerdante qu’une mère. Et je n’ai jamais botté le cul de ma mère. Mais elle m’a tricoté des pulls qui grattent, engoncé dans des épaisseurs étouffantes de vêtements, interdit de baiser la voisine à 12 ans et giflé pour avoir sifflé le fond des verres au banquet post mortem du grand-père.

Je préfère être l’égal de la chatte plutôt que de ma mère.


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