dimanche 17 juin 2012

Un conte moderne- Véronique Masson


Créer un conte moderne, avec un sportif, une trottinette, à la piscine, une clé, un coup de foudre et un chien… et en y incluant un passage de Rousseau.
 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
Il était une fois un mâle caressant et tendre, aux muscles généreux, au regard très doux, d’une beauté peu commune, maître-nageur de profession. Il régnait sur la piscine, comme Jupiter sur l’Olympe, mais avec une souple gentillesse dont était dépourvue, je pense, le dieu des dieux. Il parlait avec des mots châtiés, des phrases d’un autre âge qui surprenaient dans la bouche d’un sportif et rappelaient parfois le style ampoulé de Jean Jacques Rousseau.
Or, un jour que, sur sa trottinette, il se pressait vers son travail, traversant la forêt de Saint Germain en Laye, un chien, fâcheusement et d’une façon tout à fait impromptue, vint lui croquer le mollet qu’il portait galbé et bien dodu. Notre homme s’effondra de douleur dans une mare de sang. L’animal, excité par l’odeur, voulut goûter l’autre mollet, quand survint une demoiselle, qui passait par là et que la curiosité en ces lieux attirait. Elle vit de loin notre blessé. Elle s’approcha, stoppa sa voiture, en sortit prestement le cric et accourut, armée de cet engin. Le chien effrayé par les cris de la belle, qui ressemblaient à des hurlements de fauve, autant que par cette arme dont il ignorait la capacité, se sauva, la queue entre les pattes. On ne le revit jamais.
Et notre dame, qui était infirmière, coup de chance !, se pencha sur le blessé, le rassura et le hissa sur le siège arrière de sa twingo. C’est alors qu’il murmura :
« Sans les femmes, la vie de l’homme serait sans assistance au commencement, sans plaisir au milieu et sans consolation à la fin ».
Un peu surprise, l’infirmière crut qu’il délirait.
Point nenni.
C’était juste un coup de foudre !
Notre sportif, en peu de temps et grâce aux soins de sa sauveuse, retrouva ses mollets d’antan.
Un mois ne s’était pas écoulé qu’il lui confiait et la clé de son appartement, et celle de son cœur.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire