lundi 21 mai 2012

Nos jeunes années-Michel Molinier

Nous dévalions, nos godillots délacés, crottés parfois, les cascades de cailloux blancs et gris attachés par des ronces aussi vivaces que piquantes.
De gros lézards verts et leurs petits frères gris, vifs, décampaient sous nos pas, pour les uns fièrement, la tête haute comme s'ils nous faisaient la  largesse d'abandonner leur précieux territoire, l'air hautain, aussidédaigneux qu'un Anglais qui s'enfuit dans le brouillard après avoir perdu quelques livres au jeu.
Quant aux autres, ils se glissaient sous les pierres paraissant bavarder comme des commères Italiennes qui chuchotent à la sortie de la messe, ou  après le marché du dimanche, le cabas rempli de victuailles, entre le port et la place de la mairie.
Nous, nous riions comme des cons, comme des enfants. Nos cœurs battaient à l'unisson. Nos yeux étaient remplis de beau. L'air que nous respirions chargé de vie.
J'entends encore, je vois encore, je sens encore le vent doux et tendre enveloppant comme une mère attentive ! Et ces cris et ces voix et ces rires, et le ciel et la lune présente encore dans l'immensité bleue immaculée.

Ah les jeunes années !


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