lundi 12 décembre 2011

Promenade à Saint Eustache- Anne-Marie Daubanes

Lumière électrique, sous terrain,  porte close et, posé sur elle un joli huit, bien renflé. J’ai toujours aimé le chiffre huit, c’est le mien.
Projetée doucement vers l’extérieur, de la nuit à la lumière. Un forum des images plein les yeux. Dans la première rue que j’arpente, la Montorgueil, mon regard levé vers le ciel, trois fenêtres béantes, fleurs aux balcons, rideaux tendrement soulevés par l’air chaud. Mais, je suis cernée par la rondeur de St Eustache et j’avance dans l’impasse du même nom. Un couple, jeune, assez beaux, un enfant blond dans les bras entrent dans la ruelle, ils poussent une lourde porte peinte en verte, entrent dans la maison. Ils vivent là, protégés, collés à l’un des flancs de l’église. Le bonheur !

Je poursuis mon avancée. De nouveau l’intérieur, un calme religieux. Certains prient, d’autres visitent en priant peut-être… Sur les doux pavés de l’église, je stoppe ma marche lente devant une étrange sculpture, haute en couleurs ! Un hommage aux marchands des halles. Masson le sculpteur, il s’appelle Masson ! février 1969, date, pour moi,  aux souvenirs si heureux… La légende de la sculpture, « départ des fruits et légumes aux halles ». On peut voir les visages des hommes et des femmes touchés par la tristesse, tirant leurs charrettes  bondées. Une sculpture pour ne pas les oublier, une sculpture pour rappeler qu’ils ont cassé les vieilles halles, creusé le fameux trou et détruit des vies entières pour amputer  l’âme parisienne. L’hommage à ses vies, dans l’église Saint-Eustache ? Ont-ils acceptés d’avoir fait tant de mal. Etrange…
En face, de l’autre côté de la nef, gothique à souhait, deux anges presque vivants, face  à face, sous un Christ de bois clair. Deux anges, vert tendre et rose aux ailes déployées.
Je quitte les lieux, un doux bruit de portes s’entrouvre lourdement. L’air du dehors me pousse en avant, délicieux et chaud. Un ballon d’enfant glisse. Un vieux vélo contre l’arbre. La paix.
Retour à la vie, la voix d’un homme. Un frôlement. Madame, votre peau est si douce !

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