vendredi 21 octobre 2011

Avec les mots de François Mauriac- Véronique Masson


8 octobre 2011
Avec les mots préférés de François Mauriac
 

C’était le 25 mars, soir de l’Annonciation.
L’orage grondait, plongeant le village bordelais dans une lourde torpeur silencieuse. Dans la chambre, la poussière stagnait, comme la cendre sur les bûches qui n’en finissent pas de s’éteindre.
François ne trouvait pas le sommeil.
Il évoquait ce jour de son enfance où il avait découvert sa mère devant la statue de Sainte Rita sangloter à genoux, prosternée comme une mendiante. Il avait scruté le visage ravagé de celle qui semblait n’avoir jamais connu la joie. Les larmes s’épanchaient sur les joues blêmes, soudain décharnées, vidées de leur sang. L’enfant, caché derrière le gros pilier de la chapelle, médusé, anéanti, n’osait s’avancer pour consoler sa mère, ni se sauver pour fuir cette vision. Pétrifié, il regardait.
Et, ce soir, il cherchait encore un sens à la douleur maternelle. Elle n’avait jamais livré ce qui la peinait ainsi. L’enfant n’avait rien demandé. A présent qu’elle n’était plus, François continuait à chercher, des nuits entières.
L’aube le surpris, encore éveillé.
L’orage était passé. Un semblant de fraîcheur adoucissait la chambre.
François se retourna et s’endormit.

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