samedi 16 février 2013

Inspiré par "les deux cousines", de WATTEAU- Léonard Gaya


Le soir tombait sur le vieux parc solitaire et glacé. Armelle sortit du bain. Sa cousine l'observa un long moment, froide comme une pierre. "Apporte-lui ses vêtements, Alfred", dit-elle au jeune homme aux boucles ardentes. Il osait à peint s'approcher de la nymphe dénudée. Détournant le regard avec une pudeur à-demi feinte, il tendit la lourde robe de satin à la jeune femme, dont la peau marmoréenne resplendissait dans la lumière crépusculaire du ciel.
"Aide-moi", demanda Armelle, se retournant vers les buissons. "Aide-la", répondit la cousine d'une voix plate et d'un œil jaloux. Il regarda la jeune femme. Sa nuque et la courbe de ses épaules le pétrifièrent de leur médusante lumière. Sa main rencontra les pétales d'une haute fleur rouge se dressant sur sa jeune tige au milieu des herbes. Il prit la fleur, la-lui donna. Se tournant vers l'obscurité, elle plaça secrètement la fleur entre ses seins et s'assit sur le tapis de gazon humide. "J'ai froid", murmura-t-elle. Il se pencha sur elle.
Au loin, Amour et Psyché observaient la scène sculpturale avec impavidité. Au-dessus de leurs têtes divines, les boucles ardentes des arbres noirs se penchaient sur la courbe du ciel, reflété par les eaux, et le recouvraient d'un dernier voile sanguin avant l'éclosion des premières étoiles.
 
 
 

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