mardi 5 mars 2013

Échauguette d'opérette- Francine Leperchey


Notre cité royale eut longtemps son bouffon
-bien élevé-    Une petite tour de guingois,
échauguette d’opérette, portant regard narquois
sur le monde d’en bas : un donjon polisson.

Au château vieux d’antan, veillait le lanterneau
magique. Un peu bancal, obligeamment penché
pour mieux accueillir, comprendre, écouter
les rumeurs vagabondes dans le Landerneau.

Incliné vers les gens, il captait toutes les ondes
-5 sur 5-  Là-haut sur son chemin de ronde
soufflait autour de lui un léger vent de fronde,
une fraîcheur complice qui plaisait à tout l’monde.

Trop bancroche il était. Tellement attentif
que menaçant tomber, il fut sournoisement
remis comme il le faut – jugulaire – règlement –
redressé, corrigé. Sans l’angle subversif.

On l’a donc revu droit. Gentil petit soldat.
Il fut original. Il redevint banal.
Lanternon dépressif, tristement vertical,
la surdité le gagna. Il s’étiola.

Il est maintenant gravement névrotique.
Avez-vous vu son gros pansement de plastique ?
Drôle de camisole d’étourneau lunatique.
Ses groupies y envoient des regards nostalgiques.

Nous l’aimions, notre boiteux, notre chassieux,
aimablement posé à la proue de la ville,
notre chasse-spleen de séguedille.
On se souvient de lui qui tutoyait les dieux.

Priez, libres passants, pour notre vigie !
Que vienne le printemps lui rendre sa vigueur,
onction urbi et orbi, confidence à toute heure.
Elle vous jouera alors tous ses tours de magie…….


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