Mais l’homme avec son âme, ses lèvres,
ses os n’est que le creuset vain de
nos espoirs fracassés, et ces phrases qui tourbillonnent au bout de nos langues
gonflées, déchirées d’avoir supporté tant d’errance et de mensonge, titubent et
s’effondrent au bord des chemins de pensée. Il y a cependant derrière nos
lèvres carmin, tâchées des fruits gorgés d’étoiles de nos amours déçus, comme
une litanie de revolvers chargés, ces armes qui sont entre deux cris, deux
baisers et deux vies, capables de faire exploser les mots, convulser les
vivants et ramener les morts de l’horizon qui file.
Il
nous faut arracher le désir de nos cœurs fétides, pour le contempler, flétri,
pantelant, et le laisser crever. Et puis, il faut dormir, comme ils disent, car
la mer est l’ultime recours, la matrice éternelle où tu ne viendras plus me
poursuivre, faite de dix mille petites morts, jusqu’à la dernière, au bord de
la transe glacée, de la voie bleutée qui mène là où tous les parfums se mêlent,
où la mémoire se diffuse, où l’être se brise en une heure si pleine qu’elle ne
sonne plus à aucune horloge.
Je
regarde mes doigts qui me font comme un tas de chair rance cueillie sous la
rosée, et la sueur qui coule dans mes cheveux épars me rappelle nos années
d’amours banales, quand nos regards s’étreignaient vainement, quand la peau de
ta hanche douce comme la cire glissait sur ma bouche, mais il ne faut pas que
tu m’écrives, il ne faut pas jurer que tu m’aimes peut-être, car je sais que tu
ne reviendras pas, je l’ai lu dans le reflet tremblant de tes cils d’argent,
laisse moi à mon ivresse solitaire , laisse moi mordre le temps au rythme de
mon pouls qui, lentement, s’essouffle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire