À quoi penses-tu vieil homme effondré
sous le poids de cet escalier sans fin, qui est le labyrinthe anthracite de la
noirceur qui suinte le long de tes lourdes pensées, accrochées, éventrées sur
le vélin de ce livre vain, que tes yeux embués de larmes d'impuissance
contemplent d’ inanité ?
Serre bien tes mains aux phalanges
asséchées, vieillard flétri par une vie que tu n'as jamais chérie, à la lumière
chiche du jour qui agonise, tu t'effondres avec un soupir chuintant sous les
tissus empesés, mordorés de ta robe d'apparat qui ne distrait plus la morne
servante du feu flageolant de ton âtre, qui agite d'un poignet hoquetant les braises mal éteintes d'une
flamme qui n'a jamais vraiment été soleil, car l’innommé va être libéré, il va
percer la porte noire des ténèbres adipeuses, des voûtes résonnantes qui l'ont
retenu trop longtemps au cœur de ta pensée, et cette vis sans fin le long de
laquelle ta philosophie s'est échinée n’y pourra rien.
Réjouis-toi vieil homme, le crépuscule
est le meilleur moment de l’âme, celui de la vérité nue dévorante.
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