Attablés,
penchés sur leur blanche feuille, concentrés, je les vois, tous… Ils font
glisser le stylo et noircissent le papier en posant leurs mots, leurs phrases,
leurs idées, leur création….. Quelle chance !
Comment
vais-je m’en sortir, l’heure avance. Je dois relater une situation cocasse,
délicate, originale. J’y suis en plein dans le cocasse. Je me sens ridicule,
presque comique. Je viens écrire dans ce lieu propice, j’ai l’amour des mots,
des récits, de la poésie et rien ne m’arrive. Le grand blanc…
Mes
pensées s’entrechoquent, quelques idées germent puis filent comme des
anguilles. Mon imaginaire refuse de s’animer, la situation cocasse refuse de
cocasser. Où se trouve mon irréel, mon chimérique, mon fictif ? Lové
quelque part ? Dans mon cœur, dans mon cerveau, je ne sais plus où il
s’est tapi ? Ce matin, il chipote, il vétille, il conteste, il me refuse
toute aide, il me fait faux bond. Aurait-il peur du cocasse ? Mais c’est
peut-être ainsi qu’il aime surgir, en se lovant, en se faisant prier pour mieux
réapparaître, en tapinois. Ah ! Je sens une idée qui pointe sa
barbe ! Je suis dans la tour d’un grand château perdu dans une belle
nature, Barbe-bleue est près de moi, menaçant. Ma dernière heure va arriver,
j’ai ouvert le placard aux horreurs, j’ai vu les cadavres des curieuses,
pendues, égorgées et je hurle :
Anne ma
sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Non, je ne vois que l’herbe qui
poudroie et le soleil qui verdoie, merde je crois que c’est l’inverse, c’est
l’herbe qui verdoie et le soleil qui poudroie. Barbe-bleue pointe toujours son
grand couteau sur mon cou, sa main commence à trembler, il fatigue le vieux
barbu, je le sens, je vais le feinter, c’est lui qui va compléter la collection
des curieuses ! Ah je me sens tout à coup l’âme d’une tueuse !
Quel pied ! L’écriture permet tout, c’est un délice !
Je me
penche, j’ai le vertige, tant pis ! Je vois le canasson d’Anne qui
caracole au loin, je suis sauvée, je sens la liberté toute proche, le vieux
barbu bleu va céder, un coup de coude bien placé au dernier moment et je
n’aurai plus qu’à m’élancer dans le vide pour enfourcher le canasson et parcourir la verte nature qui poudroie sous le
soleil qui verdoie ! merde c’est l’inverse !
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